mardi 31 mars 2015

Voler la démocratie



À coups de déclarations cinglantes et de slogans grandiloquents, quelques centaines d’étudiants prennent les rues, à nouveau, afin de défendre des causes en vrac. Or, outre les dérangements auxquels nous sommes désormais habitués, ce qui me dérange profondément, c’est leur façon irrespectueuse de s’approprier votre voix et la mienne.

Si nous avons tous le droit à notre opinion et même le droit à manifester notre mécontentement, il ne faut surtout jamais oublier que nous vivons en démocratie et que le vote est la façon dont nous avons décidé, en tant que société, de régler nos différends.

Pas en saccageant les biens publics, ni en envoyant des « commandos » vider les classes. Pas en intimidant durant la tenue des assemblées étudiantes, ni en brimant le droit qu’a chacun de poursuivre ses études. Pas non plus, il faut le dire, en tapant ou en tirant sur des manifestants.

Or, à force de laisser place à des radicaux, le débat se radicalise et des extrémistes en profitent pour prétendre parler au nom de tous et chacun, comme s’ils étaient les porte-étendards d’une population opprimée. Comme si le règne du PLQ avait été institué par un putsch et qu’il se maintenant en place grâce à une gestapo brutale.

C’est ce que semble vouloir faire croire une minorité d’étudiants qui prétend parler en notre nom et dit vouloir défendre « nos » droits et libertés. Ils agissent en faisant fi des élections qui ont été tenues. Ils mentent en se disant les porte-paroles de la majorité. Ils exagèrent en élevant les mesures « d’austérité » au stade de tragédie nationale.

Les manifestants sont hypocrites quand ils disent exercer une « démocratie directe » alors qu’ils ne font valoir que leurs propres intérêts. Puis, surtout, ils ont une attitude méprisante envers les électeurs en les considérant indignes de voter puisqu’ils ont élu le « mauvais » parti.

Je ne suis ni brainwashé, ni un fan inconditionnel du Parti libéral. À la limite, certaines des revendications étudiantes (dans le lot éclectique qui nous est proposé) viennent me rejoindre jusqu’à un certain point. Je crois qu’il faut avoir une opinion nuancée et, surtout, savoir l’exprimer pour faire avancer une cause. On ne peut pas simplement faire comme si ce mouvement étudiant de gauche n’existait pas.

Mais ce n’est pas une grève « sociale ». Ce n’est pas un mouvement « populaire ». Bloquer des rues, ralentir des gens pressés, nuire à la circulation, gaspiller l’argent du public, ne pas collaborer, ne pas divulguer l’itinéraire d’une manifestation, se masquer et provoquer les policiers – tout cela, qu’importe la cause, va à l’encontre de la majorité, à l’encontre des valeurs sociales et de l’opinion populaire.

Si la cause est une courtepointe décousue de rêveries estudiantes et d’utopies minoritaires, et si les gestes posés vont à l’encontre du réel intérêt de la population en ayant un impact négatif dans leur quotidien et des répercussions importantes sur la paix sociale, on ne parle pas d’une cause juste et populaire, mais d’un pouvoir qui est usurpée à la société par une minorité qui ne respecte pas le vote démocratique.