samedi 18 février 2012

Au-delà de la tolérance

En réponse aux propos profondément intéressants de Mme Awada, je crois qu’il est important de soulever un point en particulier. Un point qui manque à son énumération des choses qui font d’elle une Québécoise au même titre que tous les autres Québécois: la religion.

Le « problème », ce n’est pas que sa religion nous est étrangère. C’est la religion en soit. Il faut comprendre que la religion est un sujet délicat au Québec (et à plusieurs autres endroits du monde). Il nous suffit de se remémorer les orphelins de Duplessis maltraités par le clergé, les coups de règle sur les doigts des étudiants donnés par les bonnes sœurs, ou les innombrables histoires d’horreur, de viols et d’abus entourant notre Église qui se multiplient ici et ailleurs.

Depuis, nous avons relégué la religion à un statut plus intime. Alors qu’elle s’élevait autrefois au-dessus des lois, elle est maintenant une question personnelle. La foi, c’est un choix que nous respectons depuis longtemps. Chacun a droit à ses croyances et personne ne remet cela en question.

Ce qui froisse parfois certains d’entre nous, c’est lorsque des gens décident d’afficher à outrance leurs convictions personnelles. L’étiquette que Mme Awada prétend porter sur son front est la même que celle que portent – aux yeux de certains  –  les sœurs catholiques, les juifs hassidiques, ou les néo-sorcières aux allures gothiques. Il ne s’agit pas d’intolérance ni de tolérance hypocrite, mais plutôt d’un inconfort justifié.

Le fait que Mme Awada soit d’origine libanaise n’a aucun lien avec le sentiment qu’elle ressent d’être jugée. Là où nous pouvons nous sentir froissés, c’est lorsqu’une personne ignore notre sensibilité et notre histoire.

Lorsqu’une personne se voile le visage en public, abat un animal de façon cruelle, nous réveille le dimanche en faisant du porte-à-porte, ou refuse de se faire interpeler par une policière pour des raisons religieuses, nous avons raison de nous offusquer. 

Le problème, ce n’est pas l’origine de la personne, mais son manque de respect envers nos valeurs et notre liberté pour lesquelles nous nous sommes tant battus. La religion, dans notre société laïque, ne nous est plus imposée et ne dicte plus notre façon d’agir, de nous vêtir ou de penser. Ça aussi, ça fait partie de notre culture. Il ne faut pas seulement tolérer notre ouverture – il faut aussi la respecter.