lundi 25 novembre 2013

Les Québécoises devraient être voilées

Les Québécoises devraient être voilées et ne devraient pas se montrer. Du moins, c'est ce que je déduis de notre façon d’agir, de notre sexisme latent et inavoué qui encourage les hommes à faire ce que les femmes ne devraient pas.

Dimanche soir, TVA nous présentait une émission spéciale du Banquier avec des gars en chest qui ouvraient des valises pour financer les projets personnels de la participante. À Tout le monde en parle, dimanche soir encore, Danny Turcotte faisait la promotion d'un calendrier  présentant des pompiers à moitié habillés.

Des gars de construction torse nu à la télé, c'est correct. Des pompiers qui se montrent les muscles dans un calendrier, c'est correct.

Mais si ce sont des femmes qui veulent faire ça, c'est hors de question!

Vous vous souvenez des MEDmoiselles? Ces étudiantes en médecines qui, pour financer leur bal, désiraient lancer un calendrier dans lequel elles posaient en tenue sexy? Eh bien,
elles ont annulé le projet. C'est contre nos valeurs, semble-t-il.

Ces filles-là vont sauver des vies, un jour. Elles sont parmi les plus brillantes que notre système scolaire ait formées. De leur propre initiative, elles décident de poser dans un calendrier. Mais ce sont des femmes. Pas question qu'elles se montrent légèrement vêtues!

Ça semble envoyer comme message que les Québécoises doivent cacher leur corps, tandis que les hommes peuvent se montrer impunément. Tout cela pendant que nous entretenons un débat de société grandiose via lequel nous accusons indirectement certains musulmans d’en faire autant.

C’est d’une telle incohérence que je me questionne à savoir si nous avons vraiment des valeurs à proposer, avec notre projet de Charte…

jeudi 21 novembre 2013

Réflexions d'un colonisé

Selon M. Pierre Foglia, je suis un colonisé. Un hater qui, plutôt que de détester «les autres» déteste son propre peuple; plutôt que d'être xénophobe, donc, je suis un colonisé. Il a peut-être raison, M. Foglia, parce que j'ai souvent l'impression d'être entouré de colons...

Vous savez quoi, M. Foglia? Je ne déteste pas mon peuple. Je ne déteste pas ma langue. Je ne déteste ni ma province (ou mon pays, c'est selon), ni mes origines.

Ce que je déteste, c'est ceux qui s'en revendiquent les protecteurs et qui, trop souvent, nous font passer pour une tribu d'ignares. Ce que je déteste, c'est ceux qui, par leur manque de culture, tapent sur les Anglais, tapent sur les riches, tapent sur les vedettes et les capitalistes plutôt que d'essayer de faire mieux qu'eux.

Ce que je déteste, c'est les accommodements «raisonnables» qui font de nous la risée du monde entier par notre mollesse et notre manque de caractère. Ce que je déteste, c'est les machos arriérés qui obligent les femmes à se voiler, ou les féministes mal-aimées qui souhaitent que les hommes soient éliminés.

Ce que je déteste, c'est le nivelage vers le bas. Que ce soit la ministre de l'éducation qui, un peu comme pour palier à la parodie d'anglais que marmonne sa chef Pauline Marois, désire réduire l'importance d'apprendre une langue seconde à l'école; ou que ce soit un vieux syndiqué qui empêche les jeunes de trop travailler.

Ce que je déteste aussi, c'est les unilingues boqués qui s'entêtent à ne pas apprendre et qui réclament un pays calqué sur La Petite Vie ou Les Bougon. Ce que je déteste, c'est cette ambiance de loser, cette image de peuple sans culture qui, depuis Durham, nous colle à la peau bien malgré nous.

Je ne me gêne donc pas, M. Foglia, pour dénoncer ce genre de crétinisme dont nous souffrons parfois. Je le fais peut-être maladroitement, mais je le fais et je crois que c'est important.

Je ne souhaite pas que nous léchions le cul à GSP ou à Péladeau. Je souhaite simplement que nous soyons plus fiers de nous et, souvent, plus dignes aussi.

Parce que je crois que nous avons une histoire fabuleuse, que notre culture est riche et que notre coin de pays est un des plus beaux au monde. Je dis «on» en parlant de «nous». Je n'inclus pas tout le monde, j'inclus surtout, dans mon «on», ceux que je dénonce, ceux que j'ai nommé plus haut.

Mais oui, il reste que je nous critique. Et je crois que savoir se critiquer soi-même, voire savoir rire de soi-même, est le signe d'une certaine grandeur ainsi que d'une certaine humilité.

Soit je n'ai pas été clair, soit vous avez cru ma critique être une haine envers le Québec en entier. Mais ce n'est pas le cas. Si je n'ai encore rien trouvé à redire des Polonais, sachez que je critique à l'occasion les Algériens aussi. Et même Israël (mais ne le dites pas trop fort!). Cela ne fait pas de moi un xénophobe.

Tout comme mes espoirs d'un peuple plus cultivé et plus unifié ne font pas de moi un colonisé.

mardi 19 novembre 2013

GSP, le succès, et le Québec

(Une version plus modérée de ce texte a été reprise par La Presse. Cliquez ici pour la lire.)

Au Québec, on finit par en vouloir à ceux qui réussissent. C'est invariable et c'est pathétique. Céline, Péladeau, SNC Lavalin, Bombardier, Desmarais... Nommez-moi une personne ou une entreprise québécoise qui connaît du succès, je vous trouve une armée de haters. Ces jours-ci, nous avons droit aux imbécilités contre Georges St-Pierre.

Georges St-Pierre a fait rayonner le Québec sur la scène internationale. C'est un athlète complet et accompli qui s'est consacré à la réussite dans son sport -- sport qui combine plusieurs disciplines dans lesquelles il excelle. Par sa détermination et son dévouement, il est devenu un champion des champions. Plus qu'Eugénie Bouchard, plus que Maurice Richard, son nom résonne à travers le monde pour ses exploits.

Vous pouvez aimer ou ne pas aimer les arts martiaux mixtes ou les sports de combat, c'est votre choix. Mais son succès reste néanmoins indéniable.

Ceux qui le traitent, lui ou son sport, de barbare ne font que clamer haut et fort qu'ils ne connaissent ni ne comprennent ce sport. Il y a du sang au hockey et à la boxe aussi. Il y a des fractures en ski et des commotions cérébrales au football. Les arts martiaux mixtes ne font pas exception, si ce n'est qu'ils peuvent parfois choquer des crétins intolérants qui préfèrent se plaindre que changer de poste.

Tout ça, on connaît. Tout ça se passe à chaque combat et les mêmes twits disent les mêmes conneries.

Là où ça déborde, là où on constate que GSP a atteint le summum du succès, c'est quand on commence à lui trouver, ou plutôt à lui inventer, des bébittes.

Des sites méprisables de potins débiles inventent des rumeurs et nombreux (journalistes y compris) sont ceux qui s'empressent de propager ça sans rien vérifier, sans se soucier de l'impact de leur geste, sans se demander si leurs sources sont crédibles.

Parce que bitcher quelqu'un qui réussit, c'est instinctif au Québec.

George St-Pierre est un humain. Il a réussit et s'est rendu au sommet de façon admirable, et il a aussi probablement des problèmes dans sa vie personnelle -- comme vous et moi.

Ce n'est pas une raison pour s'en mêler. Ce n'est pas une base pour juger sa performance.

Quel est l'intérêt de faire ça? Sommes-nous un peuple si voué à l'échec que nous devons nous empresser de rabaisser ceux qui finissent par réussir? Sommes-nous si jaloux, Québécois, que des tréfonds de nos chaumières nous nous sentions obligés de parler en mal de nos héros?

GSP, c'est un sportif. C'est un champion. Mais ce n'est pas votre beau-frère et sa vie privée n'est pas de vos affaires. Par ailleurs, son succès et ses performances devraient voler la vedette à toute autre rumeur.

Il faut vraiment être du petit peuple pour se complaire dans notre médiocrité et souhaiter du mal à nos héros.

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mercredi 6 novembre 2013

Antisémitisme, islamophobie, et moi

Dans un cas, on parle d'antisémitisme; dans l'autre, d'islamophobie. Il y a, derrière ces mots si lourds qui résonnent ces temps-ci de part et d'autre, un sens épistémique qui pèse encore plus et qui démontre les double standards que nous appliquons à outrance dans notre dénonciation de l'intolérence.

Antisémitisme

Si, par exemple, je dénonce la colonisation illégale par Israël de territoires qui ne lui appartiennent pas; ou si je dénonce la taxe sournoise qui m'est imposée via les innombrables produits « kosher » afin qu'ils soient fabriqués sous la supervision d'un rabbin; dans ces cas-là, on me traitera d'antisémite.

Par antisémite, on entend que je suis contre, voire hostile (anti), aux Juifs, à leur religion, à leur peuple et/ou à leur influence.

Islamophobie

Si, d'un autre côté, je dénonce le massacre de civils innocents par des extrémistes islamistes; si je dénonce la façon dont sont tués les animaux pour la production de viande « halal »; ici, on me dira plutôt islamophobe.

Par islamophobe, on entent que j'ai peur (phobie) des Musulmans, de leur religion, de leur peuple et/ou de leur influence.

Mon problème

Là où j'ai un problème, c'est que même si dans les deux cas, on sous-entend une intolérance fondée sur des faits ou des préjugés, dans le premier on parle d'hostilité et, dans le second, de peur.

Je n'ai pas de haine. Je n'ai pas peur. Et je ne suis pas non plus intolérant.

J'essaie, parfois, de dénoncer des choses que je juge absurdes, illégales, imbéciles ou contraires à « nos » valeurs.

Pourquoi suis-je en mesure de le faire à outrance, de critiquer sans conséquence, de blâmer, ou de condamner les Chinois qui massacrent des requins pour leurs nageoires afin de faire des potions magiques ridicules; le gouvernement canadien qui tente de bâillonner les scientifiques; les Américains qui imposent leur vision de la démocratie à coup de bombes et de drônes; les cartels mexicains qui tuent par milliers des innocents chaque année; les gouvernements corrompus d'Haïti qui, successivement, saccagent ce pays; les gros goons de nos syndicats qui font du grabuge et de l'intimidation pour imposer leur pouvoir; et tant d'autres?

Pourquoi puis-je dénoncer tout cela mais, si j'ai le malheur que ceux que je dénonce soient de confession juive ou musulmane, on me réplique en m'accollant les pires étiquettes et on me traite comme si j'étais un monstre suprémaciste de la pure-lainerie québécoise?

On lance désormais « islamophobe » comme on lançait dans un passé pas si lointain « antisémite »: pour clore le débat, pour fermer les gueules, pour ne plus en entendre parler. D'être (réellement) antisémite ou islamophobe est d'une telle ignominie que ces mots sont devenus des armes redoutables, capables d'excuser n'importe quelle bêtise commise par ceux qu'on veut défendre.

Or, je crois en la liberté d'expression. Je crois que j'ai non seulement le droit, mais aussi le devoir de dénoncer des choses stupides ou immorales. Et je me juge capable de le faire sans discrimination.

Si je condamne quelque chose, je condamne le geste, pas l'ensemble des citoyens d'un pays ou des adeptes d'une confession. Ce n'est pas un préjugé raciste, c'est une dénonciation de l'imbécilité ou de l'injustice.

Je ne hais pas. Je n'ai pas peur. Je ne suis pas raciste. Je suis juste tanné.

Si je dénonce un imbécile, c'est parce qu'il est imbécile. Pas parce qu'il est Juif. Pas parce qu'il est Musulman. Pas parce qu'il est blanc ou noir. Parce qu'il est imbécile.

Et dans tout cela, je peux me tromper. Je peux dénoncer et me rendre compte que j'avais tort, ou que j'avais mal compris, mal interprété un geste. Je dénonce -- je ne tire pas des balles. J'espère créer un débat, démontrer un faute, ou me faire expliquer ce que je ne comprends pas.

Je pense que ceux qui haïssent pour vrai, ceux qui ont vraiment peur, ce sont ceux qui ont recours aux termes « antisémite » et « islamophobe » pour ne pas entendre la vérité, pour faire taire immédiatement, pour ne pas faire face à la situation, par crainte (injustifiée) de représailles, dans l'espoir de rester confortablement évachés dans un statu quo intenable, ou simplement parce qu'ils refoulent eux-mêmes une haine qu'ils n'osent exprimer.

Bravo, les bien pensants.

lundi 4 novembre 2013

Non, je n'ai pas voté. Oui, je vais chiâler.

Hier se tenaient les élections municipales à peu près partout au Québec. Pour une multitude de raisons, je ne suis pas allé exercer mon «droit» de vote ou mon «devoir» de citoyen. Pourquoi? Parce que je ne crois pas en la démocratie. Je m'explique.

Ces élections, qui ne sont de nos jours rien de plus qu'une incarnation politique des Star Académie et autres shows qui divertissent, étaient vouées à l'échec. Et par échec j'entends le fait que le principal enjeu, enjeu sur lequel ont même misé des candidats hors de Montréal, était la corruption ou, plutôt, son éradication. C'est d'être d'une naïveté inouïe que de croire que «la majorité» a un pouvoir quelconque sur les lobbies, corporations, et les richissimes influenceurs qui prendront les rênes du pouvoir dès que le nouveau maire sera en place.

Ce que je veux dire, c'est qu'outre les petites décisions communautaires, outre les enjeux de fond de cour, outre les chicanes de ruelles -- les vrais enjeux, ceux qui détermineront l'avenir à moyen et long terme d'une ville (et c'est encore plus vrai dans le cas d'une métropole), ces enjeux, donc, ne peuvent pas être confiés à un vote ou mis entre les mains du hasard.

Malgré ce qu'en disent les défenseurs de la démocratie, on ne peut pas compter sur les aléas spontanés et les désirs changeants de la «majorité». Majorité qui, par ailleurs, est indéfinissable. Elle n'existe pas vraiment.

La majorité, ce sont des groupuscules bruyants qui revendiquent ci ou ça. La majorité, c'est une tendance exprimée par l'interprétation d'un sondage réalisé sur une infime partie de la population. La majorité, c'est une vaste masse de gens sur qui il est immensément facile d'avoir une puissante influence -- via les médias et le marketing politique, entre autres.

La majorité, de toute façon, ne s'exprime jamais. Selon les élections et les enjeux, on peut se compter chanceux lorsque la moitié de la population prend le temps d'aller voter.

Et même si «la majorité» finissait par se faire entendre, qu'en est-il de son pouvoir?

Est-ce qu'une municipalité, une province, ou même un pays a la capacité de «virer sur un dix cennes» parce que la population l'a décidé? Est-ce que cette population peut réellement être assez bien informée sur tous les enjeux, toutes les conséquences des décisions, tous les coûts impliqués dans les grands projets? Je ne le crois pas.

Je ne crois pas qu'il faille confier à «la majorité» des choses importantes. Les politicailleries et les scandales, ça va; ça diverti et ça occupe. Mais le vrai pouvoir, ce sont les bâtisseurs, les grands entrepreneurs, les financiers et les décideurs qui devraient l'avoir -- et, heureusement, qui l'ont.

Peu importe qui sera élu, là où il y a des projets importants, il y aura de l'influence pour les faire avancer. Peu importe qui sera élu, la quasi-totalité des fonctionnaires qui étaient en poste sous l'autre maire resteront en poste et continueront de prendre les mêmes décisions et de faire avancer les mêmes projets.

Nous sommes dans une société où on semble aimer se faire croire qu'une personne honnête n'a pas d'amis, n'exerce pas d'influence, est pourrie en économie et est si inhumaine qu'elle est imperméable aux bonnes idées qui n'ont pas été votées.

Comme dans notre système scolaire, on semble vouloir encourager la médiocrité. Comme si ça allait empêcher la corruption. Comme si une ville pouvait exister sans ses entrepreneurs, sans ses financiers. Par ce que le capitalisme, c'est mal...

Dans les faits, peu importe où vous avez fait votre X hier, rien ne changera véritablement. C'est business as usual ce matin et c'est bien ainsi. Parce que c'est sur des bases stables qu'on doit construire.

La démocratie, c'est un beau show. Mais le vrai pouvoir, il est ailleurs et il n'en dépend pas.

La démocratie, c'est même très laid. Vous n'avez qu'à prendre comme exemple la réélection du maire Ferrandez dans la commune du Mont-Royal -- c'est complètement ridicule et ça incarne le dégoût que j'ai pour cet artifice populaire qu'est le vote.

La majorité et la démocratie, ils ont déjà voté pour des guerres injustes. La majorité et la démocratie, ils ont déjà voté pour Hitler. La majorité et la démocratie, je n'y crois pas. Ce n'est pas parce que la majorité est plus nombreuse qu'elle est plus intelligente et que ses décisions sont plus éclairées.

Je ne devrais pas chiâler parce que je n'ai pas voté? C'est comme si je ne devais pas dire que la merde ne goûte pas bon parce que je n'en mange pas.

Bon appétit...