mardi 15 mai 2012

La non-révolution

Les manifestations étudiantes débutées il y a déjà plusieurs semaines se sont malheureusement transformées en melting-pot revendicateur où se mêlent causes, allégeances et propagande pour ne devenir qu'un ensemble chaotique aux prétentions révolutionnaires mais à la portée et aux actions simplement frustrantes et inefficaces. Je trouve déplorable que la cause initiale qui était, jusqu'à un certain point, légitime et pourvue d'arguments intéressants, soit exploitée par des éléments dissidents à des fins politiques utopistes.

J'ai souvent des conversations très intéressantes avec des gens qui s'opposent à la hausse des droits de scolarité. Sans que je sois nécessairement en accord sur toute la ligne, il reste que "les rouges" ont des idées sensées et des revendications fondées.

Ce qui est en train de tuer le mouvement, de le discréditer et de le reléguer aux oubliettes, c'est la révolution qu'il veut devenir.

Des anarchistes, des communistes, des anti-capitalistes, des alter-mondialistes, des casseurs et autres Amir Khadir profitent et exploitent cette tribune hyper médiatisée pour recycler la cause et la transformer en mouvement décousu et incohérent. La seule cohésion restante, la seule chose qui tient encore tout le monde ensemble, c'est la manifestation elle-même. Les franges plus extrémistes ont malheureusement réussi à anéantir un débat riche et pertinent en divisant pour mieux régner. 

Le mouvement étudiant -- si nous pouvons encore l'appeler ainsi puisqu'il ne représente qu'une minorité d'entre eux -- n'a guère plus de crédibilité et en est au point qu'il se mêle à toutes les causes pour assurer sa survie dans une guerre d'usure fratricide et stérile.

Je m'oppose aux manifestations violentes et je suis pour la hausse des droits de scolarité. Mais je respecte également le droit de manifester de façon civile et d'exprimer son opinion. Je crois également qu'un débat constructif a été tué dans l'oeuf. Un peu à cause de l'entêtement du gouvernement, mais surtout par les prétentions et grands airs qu'a fini par prendre un mouvement en perte de vitesse et en quête d'attention médiatique, bonne ou mauvaise.

Si on a l'impression que des gens de toutes allégeances se sont joint au mouvement, ce n'est pas parce qu'il est devenu une révolution. C'est qu'il en est à ses derniers balbutiements et qu'il n'a plus son sens initial. Il n'est plus qu'une excuse pour manifester et faire du grabuge. 

C'est très dommage pour les étudiants, présents et futurs.

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