jeudi 21 novembre 2013

Réflexions d'un colonisé

Selon M. Pierre Foglia, je suis un colonisé. Un hater qui, plutôt que de détester «les autres» déteste son propre peuple; plutôt que d'être xénophobe, donc, je suis un colonisé. Il a peut-être raison, M. Foglia, parce que j'ai souvent l'impression d'être entouré de colons...

Vous savez quoi, M. Foglia? Je ne déteste pas mon peuple. Je ne déteste pas ma langue. Je ne déteste ni ma province (ou mon pays, c'est selon), ni mes origines.

Ce que je déteste, c'est ceux qui s'en revendiquent les protecteurs et qui, trop souvent, nous font passer pour une tribu d'ignares. Ce que je déteste, c'est ceux qui, par leur manque de culture, tapent sur les Anglais, tapent sur les riches, tapent sur les vedettes et les capitalistes plutôt que d'essayer de faire mieux qu'eux.

Ce que je déteste, c'est les accommodements «raisonnables» qui font de nous la risée du monde entier par notre mollesse et notre manque de caractère. Ce que je déteste, c'est les machos arriérés qui obligent les femmes à se voiler, ou les féministes mal-aimées qui souhaitent que les hommes soient éliminés.

Ce que je déteste, c'est le nivelage vers le bas. Que ce soit la ministre de l'éducation qui, un peu comme pour palier à la parodie d'anglais que marmonne sa chef Pauline Marois, désire réduire l'importance d'apprendre une langue seconde à l'école; ou que ce soit un vieux syndiqué qui empêche les jeunes de trop travailler.

Ce que je déteste aussi, c'est les unilingues boqués qui s'entêtent à ne pas apprendre et qui réclament un pays calqué sur La Petite Vie ou Les Bougon. Ce que je déteste, c'est cette ambiance de loser, cette image de peuple sans culture qui, depuis Durham, nous colle à la peau bien malgré nous.

Je ne me gêne donc pas, M. Foglia, pour dénoncer ce genre de crétinisme dont nous souffrons parfois. Je le fais peut-être maladroitement, mais je le fais et je crois que c'est important.

Je ne souhaite pas que nous léchions le cul à GSP ou à Péladeau. Je souhaite simplement que nous soyons plus fiers de nous et, souvent, plus dignes aussi.

Parce que je crois que nous avons une histoire fabuleuse, que notre culture est riche et que notre coin de pays est un des plus beaux au monde. Je dis «on» en parlant de «nous». Je n'inclus pas tout le monde, j'inclus surtout, dans mon «on», ceux que je dénonce, ceux que j'ai nommé plus haut.

Mais oui, il reste que je nous critique. Et je crois que savoir se critiquer soi-même, voire savoir rire de soi-même, est le signe d'une certaine grandeur ainsi que d'une certaine humilité.

Soit je n'ai pas été clair, soit vous avez cru ma critique être une haine envers le Québec en entier. Mais ce n'est pas le cas. Si je n'ai encore rien trouvé à redire des Polonais, sachez que je critique à l'occasion les Algériens aussi. Et même Israël (mais ne le dites pas trop fort!). Cela ne fait pas de moi un xénophobe.

Tout comme mes espoirs d'un peuple plus cultivé et plus unifié ne font pas de moi un colonisé.

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