mercredi 6 novembre 2013

Antisémitisme, islamophobie, et moi

Dans un cas, on parle d'antisémitisme; dans l'autre, d'islamophobie. Il y a, derrière ces mots si lourds qui résonnent ces temps-ci de part et d'autre, un sens épistémique qui pèse encore plus et qui démontre les double standards que nous appliquons à outrance dans notre dénonciation de l'intolérence.

Antisémitisme

Si, par exemple, je dénonce la colonisation illégale par Israël de territoires qui ne lui appartiennent pas; ou si je dénonce la taxe sournoise qui m'est imposée via les innombrables produits « kosher » afin qu'ils soient fabriqués sous la supervision d'un rabbin; dans ces cas-là, on me traitera d'antisémite.

Par antisémite, on entend que je suis contre, voire hostile (anti), aux Juifs, à leur religion, à leur peuple et/ou à leur influence.

Islamophobie

Si, d'un autre côté, je dénonce le massacre de civils innocents par des extrémistes islamistes; si je dénonce la façon dont sont tués les animaux pour la production de viande « halal »; ici, on me dira plutôt islamophobe.

Par islamophobe, on entent que j'ai peur (phobie) des Musulmans, de leur religion, de leur peuple et/ou de leur influence.

Mon problème

Là où j'ai un problème, c'est que même si dans les deux cas, on sous-entend une intolérance fondée sur des faits ou des préjugés, dans le premier on parle d'hostilité et, dans le second, de peur.

Je n'ai pas de haine. Je n'ai pas peur. Et je ne suis pas non plus intolérant.

J'essaie, parfois, de dénoncer des choses que je juge absurdes, illégales, imbéciles ou contraires à « nos » valeurs.

Pourquoi suis-je en mesure de le faire à outrance, de critiquer sans conséquence, de blâmer, ou de condamner les Chinois qui massacrent des requins pour leurs nageoires afin de faire des potions magiques ridicules; le gouvernement canadien qui tente de bâillonner les scientifiques; les Américains qui imposent leur vision de la démocratie à coup de bombes et de drônes; les cartels mexicains qui tuent par milliers des innocents chaque année; les gouvernements corrompus d'Haïti qui, successivement, saccagent ce pays; les gros goons de nos syndicats qui font du grabuge et de l'intimidation pour imposer leur pouvoir; et tant d'autres?

Pourquoi puis-je dénoncer tout cela mais, si j'ai le malheur que ceux que je dénonce soient de confession juive ou musulmane, on me réplique en m'accollant les pires étiquettes et on me traite comme si j'étais un monstre suprémaciste de la pure-lainerie québécoise?

On lance désormais « islamophobe » comme on lançait dans un passé pas si lointain « antisémite »: pour clore le débat, pour fermer les gueules, pour ne plus en entendre parler. D'être (réellement) antisémite ou islamophobe est d'une telle ignominie que ces mots sont devenus des armes redoutables, capables d'excuser n'importe quelle bêtise commise par ceux qu'on veut défendre.

Or, je crois en la liberté d'expression. Je crois que j'ai non seulement le droit, mais aussi le devoir de dénoncer des choses stupides ou immorales. Et je me juge capable de le faire sans discrimination.

Si je condamne quelque chose, je condamne le geste, pas l'ensemble des citoyens d'un pays ou des adeptes d'une confession. Ce n'est pas un préjugé raciste, c'est une dénonciation de l'imbécilité ou de l'injustice.

Je ne hais pas. Je n'ai pas peur. Je ne suis pas raciste. Je suis juste tanné.

Si je dénonce un imbécile, c'est parce qu'il est imbécile. Pas parce qu'il est Juif. Pas parce qu'il est Musulman. Pas parce qu'il est blanc ou noir. Parce qu'il est imbécile.

Et dans tout cela, je peux me tromper. Je peux dénoncer et me rendre compte que j'avais tort, ou que j'avais mal compris, mal interprété un geste. Je dénonce -- je ne tire pas des balles. J'espère créer un débat, démontrer un faute, ou me faire expliquer ce que je ne comprends pas.

Je pense que ceux qui haïssent pour vrai, ceux qui ont vraiment peur, ce sont ceux qui ont recours aux termes « antisémite » et « islamophobe » pour ne pas entendre la vérité, pour faire taire immédiatement, pour ne pas faire face à la situation, par crainte (injustifiée) de représailles, dans l'espoir de rester confortablement évachés dans un statu quo intenable, ou simplement parce qu'ils refoulent eux-mêmes une haine qu'ils n'osent exprimer.

Bravo, les bien pensants.

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