lundi 4 novembre 2013

Non, je n'ai pas voté. Oui, je vais chiâler.

Hier se tenaient les élections municipales à peu près partout au Québec. Pour une multitude de raisons, je ne suis pas allé exercer mon «droit» de vote ou mon «devoir» de citoyen. Pourquoi? Parce que je ne crois pas en la démocratie. Je m'explique.

Ces élections, qui ne sont de nos jours rien de plus qu'une incarnation politique des Star Académie et autres shows qui divertissent, étaient vouées à l'échec. Et par échec j'entends le fait que le principal enjeu, enjeu sur lequel ont même misé des candidats hors de Montréal, était la corruption ou, plutôt, son éradication. C'est d'être d'une naïveté inouïe que de croire que «la majorité» a un pouvoir quelconque sur les lobbies, corporations, et les richissimes influenceurs qui prendront les rênes du pouvoir dès que le nouveau maire sera en place.

Ce que je veux dire, c'est qu'outre les petites décisions communautaires, outre les enjeux de fond de cour, outre les chicanes de ruelles -- les vrais enjeux, ceux qui détermineront l'avenir à moyen et long terme d'une ville (et c'est encore plus vrai dans le cas d'une métropole), ces enjeux, donc, ne peuvent pas être confiés à un vote ou mis entre les mains du hasard.

Malgré ce qu'en disent les défenseurs de la démocratie, on ne peut pas compter sur les aléas spontanés et les désirs changeants de la «majorité». Majorité qui, par ailleurs, est indéfinissable. Elle n'existe pas vraiment.

La majorité, ce sont des groupuscules bruyants qui revendiquent ci ou ça. La majorité, c'est une tendance exprimée par l'interprétation d'un sondage réalisé sur une infime partie de la population. La majorité, c'est une vaste masse de gens sur qui il est immensément facile d'avoir une puissante influence -- via les médias et le marketing politique, entre autres.

La majorité, de toute façon, ne s'exprime jamais. Selon les élections et les enjeux, on peut se compter chanceux lorsque la moitié de la population prend le temps d'aller voter.

Et même si «la majorité» finissait par se faire entendre, qu'en est-il de son pouvoir?

Est-ce qu'une municipalité, une province, ou même un pays a la capacité de «virer sur un dix cennes» parce que la population l'a décidé? Est-ce que cette population peut réellement être assez bien informée sur tous les enjeux, toutes les conséquences des décisions, tous les coûts impliqués dans les grands projets? Je ne le crois pas.

Je ne crois pas qu'il faille confier à «la majorité» des choses importantes. Les politicailleries et les scandales, ça va; ça diverti et ça occupe. Mais le vrai pouvoir, ce sont les bâtisseurs, les grands entrepreneurs, les financiers et les décideurs qui devraient l'avoir -- et, heureusement, qui l'ont.

Peu importe qui sera élu, là où il y a des projets importants, il y aura de l'influence pour les faire avancer. Peu importe qui sera élu, la quasi-totalité des fonctionnaires qui étaient en poste sous l'autre maire resteront en poste et continueront de prendre les mêmes décisions et de faire avancer les mêmes projets.

Nous sommes dans une société où on semble aimer se faire croire qu'une personne honnête n'a pas d'amis, n'exerce pas d'influence, est pourrie en économie et est si inhumaine qu'elle est imperméable aux bonnes idées qui n'ont pas été votées.

Comme dans notre système scolaire, on semble vouloir encourager la médiocrité. Comme si ça allait empêcher la corruption. Comme si une ville pouvait exister sans ses entrepreneurs, sans ses financiers. Par ce que le capitalisme, c'est mal...

Dans les faits, peu importe où vous avez fait votre X hier, rien ne changera véritablement. C'est business as usual ce matin et c'est bien ainsi. Parce que c'est sur des bases stables qu'on doit construire.

La démocratie, c'est un beau show. Mais le vrai pouvoir, il est ailleurs et il n'en dépend pas.

La démocratie, c'est même très laid. Vous n'avez qu'à prendre comme exemple la réélection du maire Ferrandez dans la commune du Mont-Royal -- c'est complètement ridicule et ça incarne le dégoût que j'ai pour cet artifice populaire qu'est le vote.

La majorité et la démocratie, ils ont déjà voté pour des guerres injustes. La majorité et la démocratie, ils ont déjà voté pour Hitler. La majorité et la démocratie, je n'y crois pas. Ce n'est pas parce que la majorité est plus nombreuse qu'elle est plus intelligente et que ses décisions sont plus éclairées.

Je ne devrais pas chiâler parce que je n'ai pas voté? C'est comme si je ne devais pas dire que la merde ne goûte pas bon parce que je n'en mange pas.

Bon appétit...

Aucun commentaire:

Publier un commentaire