Suite aux événements du printemps dernier et aux promesses
non tenues du Parti québécois, certains étudiants revendiquent désormais un
« droit à la grève » et la clinique Juripop va jusqu’à parler de
convention collective. Mais l’école est-elle réellement un endroit où de telles
luttes ont leur place?
Être aux études, c’est former son esprit, c’est tirer des
leçons du passé, c’est développer une méthodologie du travail et aussi, c’est
un lieu où on apprend à vivre en société et où l’on se heurte à des opinions
qui ne sont pas nécessairement les mêmes que celles dans lesquelles on a grandi
à la maison.
Les études, c’est un moment où tout cela se produit.
Mais ce n’est pas un moment où nos opinions et nos valeurs
sont définitives. Un étudiant est encore en plein développement, en pleine
croissance intellectuelle. Quoiqu’on puisse souvent croire à cet âge que nous
sommes omniscients et que nous sommes détenteurs de la Vraie Vérité, c’est
faux.
C’est encore l’âge où on commet des erreurs, où on fait des
conneries.
Comme vouloir renverser le système alors que nous n’en
connaissons qu’une infime partie. Comme avoir lu Marx et de Beauvoir puis
croire que c’est suffisant pour se lancer en politique ou pour donner des
leçons de sociologie à tous les citoyens. Comme tenir mordicus à faire la grève
des études et vouloir imposer ses convictions politiques à tous les autres
étudiants.
Si étudier est un droit, il faut justement en profiter et ne
pas le transformer en opportunité de faire de la petite politique. Étudier est
un droit et personne ne doit en priver ses pairs.
Les établissements scolaires ne devraient pas être un
endroit où l’on tolère la propagande politique – de quelque allégeance
soit-elle. Si c’est l’endroit parfait pour en discuter, en débattre et se
forger une idée, ce n’est pas là où on doit livrer des luttes qui vont à
l’encontre des valeurs de ses pairs, même si ceux-ci ne semblent être qu’une
minorité parce qu’ils sont moins bruyants.
Réclamer un droit à la grève ou, pire, une convention
collective, c’est transformer les écoles secondaires, les cégeps et les
universités en champ de bataille contre le capitalisme. Si pour certains la
lutte des classes, les manifestations improvisées et le renversement de notre système
politique sont des priorités, ils ont droit à leur opinion mais ils n’ont pas à
prétendre avoir le droit de l’imposer aux autres.
Étudier est un droit collectif qui devrait avoir préséance
sur les opinions et convictions personnelles. Étudier est un droit qui devrait
avoir priorité sur celui de faire la grève. Étudier, c’est se donner des armes
et des munitions pour peut-être, plus tard, livrer des luttes et faire évoluer
les choses.
Si certains se croient déjà mûrs et assez matures pour
changer le monde et qu’ils jugent bon de cesser d’étudier pour faire avancer
des causes diverses, qu’ils le fassent mais qu’ils ne se trouvent pas de
nouveaux moyens d’imposer ce choix aux autres – en plus des méthodes
sournoises, des votes à main levée, des cotisations syndicales obligatoires et
de l’intimidation que nous avons vus dans le passé.
Les luttes politiques devraient être livrées ailleurs, sur d'autres tribunes, qu'au sein des établissements scolaires. Mêler la politique et les revendications sociales aux études, c'est nuire à ces dernières. Faire la grève, boycotter des cours, c'est priver tous les étudiants d'un droit fondamental.
Étudier est un droit et il ne faut pas l’oublier.